mardi 28 septembre 2010

Les télécoms toujours en ligne !

«Le secteur va un peu mieux depuis un an avec un frémissement d’embauches chez les opérateurs grâce aux offres d’Internet sur téléphonie mobile»,constate Patrick Devriendt, directeur du département «signal et télécommunication» de l’ESME Sudria. Si les effectifs restent stables chez Bouygues Telecom, SFR annonce 550 recrutements pour 2011, tandis que France Télécom-Orange table sur 10000 embauches sur les trois prochaines années, dont 40% de jeunes diplômés.



Les postes. Ils concernent d’abord les métiers commerciaux mais aussi ceux des sciences de l’information et des réseaux. Depuis quelques années, les métiers des télécommunications ont évolué vers une convergence des télécommunications traditionnelles et des systèmes d’informations. Les écoles d’ingénieurs se sont adaptées comme l’explique Patrick Devriendt : «Avant notre formation était très technique. Nous l’avons orientée vers l’exploitation des réseaux de télécommunications avec une touche de marketing et de commerce pour que nos élèves trouvent plus facilement un emploi». Les doubles cursus ingénierie et marketing sont d’avantage sollicités par les opérateurs télécoms qui recherchent des personnes capables d’allier qualités techniques et relationnelles, de piloter des projets et de sentir les attentes de la clientèle.

Les projets. Du côté des SSII,les sociétés de services en ingénierie informatiques, après deux années de crise, les recrutements sont à la hausse. Depuis 2010, elles se voient confier à nouveau de grands projets. Ces sociétés sont des prestataires de services et elles ont besoin de regonfler leurs rangs. Elles constituent l’un des principaux débouchés pour les diplômés des télécoms, issus d’écoles d’ingénieurs ou d’universités scientifiques. Pour l’année 2011 Capgemini/Sogeti vient d’annoncer 3000 embauches sur l’ensemble des corps de métiers dont 40% qui seront destinées aux jeunes diplômés. Ces chiffres devraient être revus à la hausse.

Le recrutement. L’habitude est aussi au recrutement de stagiaires, plus particulièrement dans l’entité télécommunications du groupe où 750 stages au moins devraient être proposés l’an prochain. Pour Vincent Charon, chasseur de tête au sein du cabinet spécialisé Alpha CDI, il faut néanmoins rester attentif aux opportunités offertes par les plus petites SSII : «Les perspectives d’évolution verticales y sont plus rapides qu’au sein de grands groupes. En revanche dans une plus grande société de services ou chez un opérateur, les projets traités sont plus vastes et permettent ainsi aux jeunes diplômés d’acquérir d’avantage de compétences.» Qu’elles soient de tailles imposantes ou plus modestes, les SSII constituent une voie d’accès à ne pas négliger selon Patrick Devriendt de l’ESME Sudria. «Chez un prestataire, on ne fait pas carrière mais cela vous apporte des compétences. Nous conseillons à nos élèves d’y rester deux ou trois ans avant de tenter l’intégration dans une grande entreprise».

La formation. La tendance est à l’intégration de profils variés, tant universitaires que diplômés d’écoles d’ingénieurs. L’apprentissage peut être un moyen d’entrer chez un grand opérateur. Chez SFR, un tiers des apprentis finit par intégrer l’entreprise. Un Bac + 2 sera demandé pour les fonctions commerciales et un Bac + 5 pour les fonctions techniques. Le salaire varie de 22 à 26 000 euros par an pour un technicien d’intervention ou un vendeur en boutique et il peut grimper jusqu’à 47 000 euros par an pour un ingénieur réseau.

Les qualifications. Pour Emmanuel Stanislas dirigeant du cabinet de recrutement Clémentine international : «la question de l’école ne se pose pas tant sur l’expertise que sur la capacité à évoluer et prendre des responsabilités». Plus la qualification est élevée, plus le jeune diplômé aura de chances d’évoluer rapidement. L’ouverture à l’international sera également appréciée. Les équipementiers telecoms ont tendance à délocaliser leurs productions dans des pays émergents comme l’Inde ou la Chine. Du coup, les déplacements à l’étranger sont fréquents.

L’avenir du métier. La déferlante d’Internet laisse présager une convergence entre les télécommunications et le numérique. Les métiers des télécoms pourraient en être affectés, ils souffrent déjà d’une image désuète. La question se pose même au sein des écoles d’ingénieurs. «On ne peut plus parler d’ingénieurs télécoms comme on en parlait il y a 10 ans, constate Patrick Devriendt de l’ESME Sudria. On peut se demander si dans quelque temps il n’y aura pas que l’Internet».

Source : Libération

vendredi 25 juin 2010

Vers une bulle des télécoms en Afrique ?

Après les périodes fastes des monopoles dans le secteur de la téléphonie fixe, puis celles de l’ouverture à la concurrence et de l’avènement de la téléphonie mobile et autres offres haut débit dans les pays développés, on assiste actuellement à une bulle des télécoms en Afrique avec des valorisations importantes des licences et des opérateurs (Polyconseil)

La situation dans les pays dits développés

Face à la concurrence et à l’affluence des offres Internet, notamment avec le succès des terminaux mobiles (clés 3G+, Smartphones, Ipad…), les opérateurs n’ont pas beaucoup de marges de manœuvre pour augmenter leurs ventes. La pression concurrentielle risque de peser de plus en plus sur les chiffres d’affaires et marges des opérateurs. D’autant plus qu’avec l’arrivée de ces terminaux et d’usages de plus en plus consommateurs en bande passante, les pays développés vont être confrontés à de lourds investissements pour pallier à cette demande croissante en haut débit (fixe et mobile) et à cette saturation des réseaux.

Pour faire face à l'explosion du trafic internet mobile, les opérateurs militent pour un changement de la répartition des financements des réseaux et souhaitent impliquer les distributeurs. Ils sont prêts à remettre en cause le principe de neutralité du net et des réseaux en restreignant par exemple les accès ou en proposant des abonnements à différentes vitesses.


L’Afrique, le nouvel Eldorado ?

L'Afrique, qui compte un milliard d'habitants mais seulement 90 millions d'internautes, soit un taux de pénétration de 9%, a connu ces 10 dernières années une explosion du marché des télécoms. Entre 2003 et 2008, la croissance du marché de la téléphonie mobile et de l’Internet a été deux fois plus importante que celle enregistrée au niveau mondial (certes, avec une réelle disparité en fonction des pays). Le secteur télécoms en Afrique est aujourd’hui surtout celui de la téléphonie mobile. En effet, l’Afrique demeure le continent où tout reste à faire en matière d'accès au haut débit. D’ailleurs, des initiatives sont déjà engagées en Afrique de l'Ouest, de l'Est et Australe pour développer l'accès à Internet et mieux raccorder l'Afrique au reste du monde (ACE, SEACOM, EASSY,…).






Les fusions /acquisitions en plein essor

Les télécommunications ont pris une importance significative dans l’économie de la plupart des pays africains. Ce secteur est une source de croissance économique et de développement. Avec l'abandon progressif des monopoles d'Etat et la privatisation du secteur des télécoms, les opérateurs privés se livrent à une surenchère et sont parvenus à créer une bulle financière. Un élément révélateur de cette bulle : le marché des fusions et acquisitions pour le secteur des télécommunications est en plein essor et attise de plus en plus les groupes Indiens et du Moyen Orient :

* Bharti Airtel a dépensé près de 8 milliards d'euros pour s'emparer des actifs africains du koweïtien Zain
* MTN et Orascom tentent un rapprochement tout comme Reliance et Etisalat ...

Note : avec 21 implantations africaines, France Télécom a réalisé 4,3 milliards de dollars de CA en 2009 et se dit prêt à accélérer le processus de fusion – acquisition en Afrique.

Toutefois, en plus des risques inhérents à la règlementation du pays et aux aspects socio-politiques, les risques financiers liés à ces investissements ne sont pas à négliger. En effet, malgré des profits élevés, les opérateurs n’échappent pas à la réalité du besoin en liquidité (nécessaire aux investissements). La première phase d’acquisition et de croissance en Afrique amorcée en 1995 s’est soldée par un endettement important des investisseurs. Compte tenu du coût des licences et des investissements nécessaires, les opérateurs télécoms ont eu besoin de nouveaux capitaux pour faire face aux dettes souscrites pour l’achat de la licence et des investissements réalisés.

Quelques exemples :

* Zain : Après avoir dépensé 3,4 milliards de dollars en 2005 en rachetant l’ensemble des filiales africaines du groupe Celtel, le groupe Zain souhaite revendre toutes ses filiales africaines pour réduire sa dette de 5,4 milliards de dollars et envisage de se désengager de ses filiales africaines.
* Burkina-Faso : Les licences de 3 opérateurs de téléphonie mobile - CELTEL, TELECEL et TELMOB - arrivaient à échéance fin mai 2010. Ces derniers ont dû s’acquitter d’une nouvelle redevance de plus de 40 millions d’euros (pour info : 4 millions d'abonnés à la téléphonie mobile au Burkina-Faso en 2010 pour environ 16 millions d'habitants)
* Gabon : Maroc Telecom qui détient depuis 2007 51% de Gabon Telecom, l’opérateur historique, est aujourd’hui confronté aux problèmes de mise à niveau du réseau data et mobile et doit par ailleurs effectuer un réaménagement de ses activités. L’opérateur a, à cet effet, lancé en 2009 une mesure drastique de restructuration de ses effectifs.

Conclusion

La nouvelle phase d’acquisition surfe sur cette vague de surévaluation des licences avec l’explosion de la data mobile et l’émergence de réseaux à Haut débit sans fil. Le besoin de financement à court terme ne remet nullement en cause l’attrait des grands groupes pour ce continent, certains proposant déjà d’autres modèles économiques pour diminuer ces investissements (ex. partages des actifs entre opérateurs). Enfin, compte tenu du faible taux de pénétration de l’Internet haut débit et le développement de nouveaux usages mobiles, il semblerait que la croissance des télécoms en Afrique ait encore de beaux jours.

lundi 31 mai 2010

Le paquet télécoms transposé en France

Moins de six mois après l’adoption définitive du «Paquet télécoms» par le Parlement européen et le Conseil, le législateur français se prépare à transposer les mesures législatives contenues dans les deux directives européennes. Le projet de transposition présenté par le gouvernement contient 35 dispositions législatives. Les modifications proposées affectent le code des postes et des communications électroniques, le code la consommation, la loi du 6 janvier 1978 relative à l’informatique, aux fichiers et aux libertés, et la loi du 30 septembre 1986 relative à la liberté de communication. «Les changements introduits ne modifient pas les principes généraux mais constituent plutôt des aménagements de la précédente révision ayant abouti aux directives de 2002», note le texte de la consultation publique ouverte par Bercy à l'attention des « parties intéressées ».

Les principales modifications apportées à la directive cadre portent notamment sur le pouvoir des autorités nationales de régulation, avec une réaffirmation de leur indépendance et un contrôle accru, une approche réformée de la gestion du spectre, et de nouvelles mesures en matière de sécurité et d’intégrité des réseaux. Par ailleurs, les obligations de transparence et d’accès sont renforcées et les délais pour changer d’opérateur tout en gardant le même numéro de téléphone (portabilité) singulièrement raccourcis.

Les sujets hautement sensibles, comme la neutralité du net, où les éventuelles «sanctions» sur la toile vis-à-vis d’internautes ne manquent pas. Une raison pour laquelle Bercy a ouvert une consultation publique. Les parties prenantes ont jusqu’au 1er juin inclus pour envoyer leur point de vue. Soit une semaine de plus que le délai initial. Dans le détail, l’Arcep étendrait son champ de compétence. L’autorité de régulation française «serait désormais compétente pour connaître non plus seulement des litiges entre opérateurs, mais aussi des litiges entre les opérateurs et les éditeurs de contenus (audiovisuels ou sur internet)», souligne Sylvain Justier, avocat au cabinet Magenta-Legal spécialisé dans le domaine des télécoms.

Dans ce contexte, le juriste estime nécessaire une «clarification», afin de «préciser l’articulation des compétences entre l’Arcep et le CSA». Mais le projet prévoit également de conférer à cette autorité un pouvoir d’astreinte en cas de non-respect par un opérateur des obligations applicables à son activité. «Il s’agirait d’une nouveauté puisque, précédemment, une sanction pécuniaire ne pouvait être imposée par l’autorité que dans le cadre de la décision intervenant en cas de non-respect d’une mise en demeure préalable», commente l’avocat. Par ailleurs, Sylvain Justier estime que les principes de neutralité technologique et de neutralité à l’égard des services, exigés par les textes européens, sont transposés «a minima».

Aussi le texte français n’énonce-t-il pas expressément ces principes, mais seulement les exceptions dans ces domaines. Le projet transpose également le cadre européen concernant la neutralité du Net. On y retrouve ainsi l’objectif d’accessibilité des utilisateurs finals aux contenus de leur choix, la possibilité de fixer des exigences minimales en matière de qualité de service, et la transparence vis-à-vis des utilisateurs, c’est-à-dire les mesures de gestion de trafic appliquées et les engagement de qualité de service, analyse l’avocat.

POSITIONS:

Pour le chargé de mission numérique à l’UFC-Que choisir, Edouard Barrero, la transposition française doit aller «plus loin» que le paquet télécom. «Il faut prendre le paquet comme un cadre qu’il faut remplir et préciser», estime-t-il. Il cite notamment la neutralité du Net et la transparence tarifaire sur lesquelles, selon lui, la législation européenne n'est pas suffisamment ambitieuse. L’UFC-Que Choisir n’a pas l’intention de répondre à la consultation de Bercy. «A première vue, le projet de transposition est encourageant», commente pour sa part Félix Tréguer, du collectif La Quadrature du Net. Il émet néanmoins un bémol important sur la question de la neutralité du Net, qui «fait l’objet d’une transposition littérale qui ne respecte pas l’esprit du législateur européen». En effet, le projet de texte dispose que l’Arcep «prend des mesures et veille à favoriser l’accès des utilisateurs finals à l’information et à préserver leur capacité à diffuser ainsi qu’à utiliser les applicatoins et les services de leur choix». «Il faudrait plutôt que l’Arcep veille à "garantir" l’accès», explique Félix Tréguer. Par ailleurs, il juge «plus gênante» la transposition des articles sur la transparence des fournisseurs d'accès Internet qui doivent annoncer les restrictions qu'ils peuvent prendre. «Car cela sous entend qu'ils puissent en prendre», dit-il. Tout en reconnaissant que «cela est prévu par la directive». L’eurodéputée (PS - S&D)

Catherine Trautmann, qui fut rapporteur du paquet télécoms, estime que «sur les apects techniques, l’ensemble y est». L’élue émet toutefois des réserves sur quatre points: Premièrement, elle constate que l’ancien amendement 138, qui souligne la nécessité d’une décision prélable d’une autorité judiciaire avant de suspendre l’accès à Internet, «ne figure pas» dans le projet de texte français. «Je pense que ce n’est pas vraiment un oubli», souligne l’eurodéputée. Un manque qui pourrait susciter la réprobation de la Commission européenne, estime Catherine Trautmann. Deuxièmement, le projet de transposition ne prévoit pas non plus d'étude pour mesurer les impacts sociaux de la séparation fonctionnelle des activités de gestion et de réseau. De plus, pour l’eurodéputée, «les grandes lignes qui concernent le cadre de recommandation exprimé à l’attention du régulateur ne sont pas reprises». L’eurodéputée évoque notamment l’article 8 de la directive cadre, qui fixe que les autorités veillent à ce que la concurrence entre les opérateurs ne soit pas faussée. Enfin, concernant la révision de la gestion des spectres prévue par les textes européens, la députée estime qu’«il y a un télescopage entre la transposition du paquet et la mise en œuvre des dispositions nationales sur le dividende numérique». Le passage de la télévision analogique à la télévision numérique libère en effet d’importante zones du spectre radioélectrique qui doivent être redéployées.

Source : http://www.euractiv.fr/economie-finance/article/2010/05/31/france-transpose-paquet-telecoms_68289

jeudi 18 février 2010

La privatisation des opérateurs télécoms en Afrique avance

Le continent représente à la fois un marché prometteur et l’un des derniers réservoirs d’opérateurs publics susceptibles d’ouvrir leur capital aux investisseurs. Sont-ils tous attrayants ? Enquête de Jeune Afrique.



Maroc Télécom aurait-il décroché le dernier pompon des télécommunications, avec les 51 % du malien Sotelma acquis en juillet 2009 pour 275 millions d’euros ? Avant lui, Orange s’est emparé de 51 % de Telkom Kenya pour 390 millions de dollars en décembre 2007, et Vodafone de 70 % de Ghana Telecom en juillet 2008 pour 900 millions de dollars. Aucune autre compagnie publique n’a fait depuis l’objet d’une cession de capital ou d’une valorisation aussi importante. Pourtant, il existe encore plus d’une vingtaine de compagnies publiques du nord au sud de l’Afrique. Certes, toutes n’ont pas le même pouvoir de séduction aux yeux des investisseurs. Toutes ne sont pas disposées non plus à ouvrir leur capital. Mais sur un marché qui arrive à maturité dans de nombreux pays africains, les opérations de croissance externe sont l’un des moyens les plus rapides pour augmenter son capital de clients.

Courant 2009, au moins quatre opérateurs ont amorcé un processus de privatisation – qui devrait donc se conclure a priori en 2010 : Bénin Télécoms, Nitel au Nigeria, Zamtel en Zambie et Onatel au Burundi. Principaux atouts des opérateurs publics, leurs infrastructures filaires, le monopole qu’ils exercent sur le gateway – les appels à l’international – et leur activité mobile suscitent les convoitises de certains.

Indiens et Russes sur les rangs

Zamtel, qui affichait 100 millions de dollars de chiffres d’affaires en 2008, a déjà engagé la cession de 75 % de son capital conduite par l’Agence zambienne de développement. Un deuxième tour d’enchères est en cours, quatre postulants ont d’ores et déjà été retenus, qui ont remis leurs offres le 23 décembre 2009 : le groupe public indien BSNL, l’angolais Unitel et le libyen Lap Green, rejoints en dernière minute par un groupe d’investissements russe, Altimo. Le plus offrant l’emportera. À lui seul, l’audit confié à Capital RP, basé aux îles Caïman et chargé d’évaluer les actifs, a coûté 2 millions de dollars. Mais le gouvernement refuse d’en dévoiler la teneur. Volonté de ne pas révéler la valeur exacte de l’opérateur à la vente ? « Les investisseurs ont quand même une idée de ce qu’ils achètent », estime Thecla Mbongue, du cabinet d’études Informa Telecom, basé au Cap. De façon générale, « le repreneur pense plus à ce qu’il peut faire de la compagnie qu’à ce qu’elle vaut vraiment ».

Dans cette optique, l’opérateur nigérian pourrait enfin trouver preneur. « Nitel est le seul à avoir fixé un calendrier, souligne Thecla Mbongue… même s’il n’est pas respecté », ajoute-t-elle. L’échéance de l’appel d’offres a été différée à deux reprises. Dernier report en date, le 27 janvier, qui a fixé la dead­line au 15 février 2010. « Ils en sont toujours à la short list, précise l’analyste, mais ils acceptent encore de nouveaux soumissionnaires. »

À l’inverse, le mystère plane sur la privatisation de Bénin Télécoms, dont Désiré Adadja, ministre de la Communication, a affirmé à plusieurs reprises depuis juillet 2009 qu’elle aurait lieu « bientôt ». Un consortium de cabinets conseil a même été chargé d’accompagner le processus de privatisation et de lui remettre un rapport d’audit préalable sur la compagnie avant la fin de l’année 2009. Résultat : 2010 est entamée et rien n’a filtré du rapport. Rien non plus du premier appel d’offres lancé en novembre, clos en décembre dernier. « Jusqu’à présent, les postulants sont restés inconnus », confirme Binta Drave, analyste au sein de la banque d’investissement Exotix, basée à Londres. On n’en sait pas davantage sur le calendrier du processus. Quant à l’Onatel, un avis d’appel d’offres pour l’audit de ses comptes a été publié en novembre 2009, clos le 28 décembre.

Poids relatif de la dette

Seule certitude, tous ces opérateurs sont lourdement endettés. 200 millions de dollars plombent Zamtel. Quant à Bénin Télécoms, il peine à quantifier sa dette. Nitel ne paye pas ses employés depuis des mois et n’a toujours pas réglé ses frais d’interconnexion à MTN. « Dans les télécoms, la dette en tant que telle n’est pas le problème, tranche Guy Zibi, fondateur d’AfricaNext, société de consulting. La question porte surtout sur la capacité de l’entreprise à générer du cash-flow pour la rembourser. » Un rapport récent estime ainsi que le futur repreneur de Zamtel pourra gagner 15 % de parts de marché en six ans et passer de 160 000 à 1,8 million d’abonnés. Mais il y a urgence, de l’avis d’un expert : « Zamtel et Nitel ne survivront pas longtemps en l’état. »

Plus déterminante que la dette, la stabilité politique du pays conditionne l’attractivité de la vente. Les investisseurs, du moins les plus prudents, ne se bousculent pas vraiment au portillon de TelOne au Zimbabwe, de Sotelgui en Guinée ou de Sotel Tchad. Et la vacance à la tête de la présidence nigériane risque de freiner la cession de Nitel. Mais rien n’est jamais définitif. Le 2 février, l’éthiopien ETC a confié la gestion de son management au français Sofrecom. Une première étape avant une entrée au capital ?

Reste le camp des irréductibles, les États qui se refusent à céder leur opérateur, jugé « stratégique ». « Les Algériens et les Égyptiens ne privatiseront pas », tranche ainsi Albert Fondop-Fonkam, patron de Fonsali et Cie, active dans la banque d’affaires. En 2006, un coup d’arrêt brutal a été donné à l’ouverture amorcée d’Algérie Télécom, qui, pour le coup, intéressait nombre d’investisseurs. Pour Laurent Benzoni, fondateur associé du cabinet conseil Tera Consultants, « privatiser est avant tout une décision politique ».

Mais « la privatisation n’est pas la panacée, juge Guy Zibi. Certaines compagnies n’en ont pas besoin ». Et de citer BTC au Botswana et TDM au Mozambique, « efficaces au plan opérationnel et rentables ». La recette de leur succès ? La bonne gouvernance…

Lire l'article sur Jeuneafrique.com : Télécoms : grand vent de privatisations à l'horizon | Jeuneafrique.com - le premier site d'information et d'actualité sur l'Afrique

vendredi 29 janvier 2010

Une "mafia" des télécoms ?

Attention, tribune au vitriol vue sur ZD NET !

Les réseaux sont au cœur de l’innovation des infrastructures et des usages de l’informatique professionnelle et grand public ; c’est un thème que je traite souvent sur mon blog, ici ou là, par exemple.

Il m’arrive souvent, trop souvent, de constater que les comportements de certains acteurs du monde des télécoms et des réseaux sont scandaleux, proches de ceux de la mafia en matière d’extorsion de fonds.

Ces actions ont comme résultats immédiats de ralentir ou empêcher des usages «normaux» des réseaux ; il faut donc tout faire pour les éradiquer le plus vite possible.

J’avais, il y a deux ans, attaqué les tarifs abusifs pour des accès Wi-Fi dans les hôtels haut de gamme ; ceci m’avait valu une réponse rapide et positive de l’opérateur incriminé qui avait baissé le prix journalier de 60 % dans toute l’Europe.

Il existe encore, hélas, trop d’exemples de ces comportements inadmissibles et je vais en fustiger deux, que j’ai vécu récemment.

Revevol souhaite participer au salon «Cloud Computing» qui va se dérouler les 5 et 6 mai 2010 au CNIT de la Défense, près de Paris. Comme chacun le sait, c’est un «désert technologique» où les accès aux réseaux sont très difficiles !

C’est en tout cas le sentiment que donne la société qui gère ce lieu d’exposition. Les faits :

- Je demande à l’organisateur de ce salon les conditions financières pour un stand ; le tarif proposé est classique et raisonnable.
- Je rappelle qu’il s’agit d’un salon consacré au Cloud Computing ; je pose quand même la question de savoir quels accès Internet sont disponibles sur le stand et pour les visiteurs ; les réponses sont pour le moins surprenantes :
- Il n’y a pas d’accès Internet prévu dans le package exposant, il faut prendre un abonnement séparé auprès du CNIT.
- Il n’y a pas de réseaux Wi-Fi disponibles pour les visiteurs, qu’ils soient payants ou gratuits.

Je me renseigne sur les tarifs de ces accès, pour les deux journées du salon, et j’ai eu la très mauvaise surprise de recevoir une liste de tarifs démentiels, et le mot n’est pas trop fort.
Petit rappel : il s’agit de la Défense, au cœur de l’activité économique de la région parisienne, et nous sommes en 2010, pas en 1990.

Oui, vous avez bien lu :
Acoustic coupler - On ose encore proposer des accès à 128 Kbit/s : génial pour réaliser des démonstrations spectaculaires de solutions Cloud Computing !

- Les prix pratiqués sont scandaleux. Si je prends une ligne à 2 Mbit/s, ce qui est aujourd’hui un minimum ridicule, et le maximum disponible, j’obtiens un coût pour deux journées de 1255 €, soit :

Prenons une comparaison simple : je dispose à mon domicile, sur l’un de mes accès ADSL, d’une capacité mesurée de 17 Mbits/s au prix, classique, de 30 €/mois.
Un calcul simple me donne un prix de revient du Mbit/s/jour :

La comparaison des deux prix est édifiante :

Le Mbit/s - jour au CNIT est ... 15 700 fois plus cher que chez moi !

J’espère que le nouveau Président de l’EPAD, qui gère la Défense, lira ce blog et prendra des mesures énergiques pour faire cesser ce scandale.

A quel prix faut-il proposer l’accès haut débit au CNIT ? 0 € !

La réponse est fournie par les deux conférences Cloud Computing auxquelles j’ai participé en novembre 2009 à San Francisco ; l’accès Wi-Fi y était gratuit pour les exposants et pour les visiteurs.

La Défense = Record du monde (A homologuer au Guinness ?) du tarif le plus élevé du haut débit pour les salons professionnels ?

J’ai envie de leur proposer une nouvelle campagne de publicité :

«Venez exposer chez nous, au CNIT - La Défense ;
nous vous garantissons le tarif haut débit mafieux
le plus élevé du monde !»

J’ai bien sûr pensé à utiliser mon réseau sans fil 3G, mais :
- L’exposition a lieu dans des salles en sous-sol où la couverture 3G n’est pas assurée.
- Aucun opérateur téléphonique n’a pensé, n’a osé installer des antennes intérieures pour proposer un service «normal» à leurs milliers de clients qui visitent ces salons professionnels.

Ceci assure une transition naturelle vers mon deuxième exemple.

Ce deuxième cas est encore plus scandaleux, car il touche des millions de personnes dans le monde.

Forfait Orange 1 Go Comme beaucoup, j’ai souscrit à un abonnement 3G lorsque je me suis équipé d’un iPhone, ce qui n’a rien de très original.
Le tarif, non négocié, pour une utilisation «illimitée» est d’environ 30 € / mois, ce qui revient à 1 € / jour ; cher, mais pas scandaleux.
Ce tarif «illimité» donne en pratique droit à 1Go/mois, soit environ 30 Mo/jour.

En faisant l’hypothèse que ma consommation est proche de cette limite, je paie donc 3 centimes le Mo téléchargé.

1 Mo = 3 centimes d’euros

Poste frontière espa J’allais oublier : ce tarif est uniquement disponible dans le pays où j’ai souscrit mon abonnement !
Que se passe-t-il quand je passe une frontière, pour aller par exemple en Espagne ?

Une étude récente d’UFC-Que choisir donne la réponse : le prix pratiqué par les opérateurs varie entre 5 et 9 € par Mo. Mon opérateur favori, Orange, est lui à 9 €.
En prenant un prix moyen de 7 €, un calcul très «compliqué» me montre que :

Mo en déplacement = 233 fois plus cher qu’en local
De qui se moque-t-on ?
Là où cela devient encore plus incroyable, c’est que l’opérateur qui me rançonne en Espagne est... Orange, celui chez qui j’ai pris mon abonnement en France !

Mobile roaming Oui, je sais :
- Il est très «compliqué» de gérer les échanges entre opérateurs internationaux, surtout si l’on reste chez le même !
- Le coût des réseaux internationaux est très supérieur à celui des réseaux du pays d’Origine. Surprenant, si l’on constate qu’un Espagnol qui vient en France se fait rançonner de la même manière qu’un Français en Espagne.
- Au moins, nous sommes tous égaux devant ce scandale.

A combien peut-on estimer le coût, réel, pour les opérateurs de la re-facturation mensuelle des services de roaming internationaux qu’ils se rendent mutuellement ? 10 % ? 20 % ?
Soyons généreux et acceptons l’hypothèse de 20 %, auquel je suis prêt à rajouter une confortable marge commerciale de 30 % pour service rendu.
Avec ces hypothèses, j’arrive à un prix du Mo en roaming international proche de 5 centimes d’euros.

Il est maintenant facile de calculer de combien doit baisser le prix du roaming international :

Réduction coût roaming international :
7 € vers 5 centimes/€ = 140 fois
Les responsables de la concurrence à Bruxelles ont récemment prix des décisions pour faire baisser le prix du roaming pour les SMS, bravo.

Mafia deconnection Je viens de leur faciliter le travail en leur donnant la réponse à leur prochaine action à mener contre la mafia des opérateurs de réseaux mobiles de roaming international pour les accès Internet.

Etonnez-vous après que beaucoup d'entreprises bloquent les usages «données» lors des déplacements internationaux, ce qui est «excellent» pour leur efficacité et leur productivité.

Guide Hotel Wi-Fi gratuit paris Heureusement que la majorité des smartphones et autres objets mobiles peuvent aussi fonctionner sur des réseaux Wi-Fi dont les tarifs sont de plus en plus raisonnables. L’immense majorité des hôtels où je loge en déplacement fournissent maintenant un accès Wi-Fi gratuit dans les chambres et les halls d’accueil.
C’est d’ailleurs la première question que je pose en faisant une réservation.

Borsellino-attentat-une Nous ne pouvons plus accepter que les accès à des réseaux haut débit, indispensables pour assurer le fonctionnement de toutes les entreprises, restent encore soumis à des comportements aussi scandaleux de la part des fournisseurs.

Ces mafias nationales, CNIT, ou internationales, réseaux d’opérateurs mobiles, doivent d’urgence être mise hors d’état de nuire !

Qui aura le courage de s’y attaquer ?

La taxe télécoms mise à l'index par Bruxelles !

La taxe imposée depuis l'an dernier par la France au secteur des télécoms pour financer l'audiovisuel public est "une charge administrative incompatible avec le droit européen", a estimé, jeudi 28 janvier, la Commission européenne, qui retoque ainsi le montage prévu par Paris.



Bruxelles a décidé d'ouvrir une procédure officielle d'infraction contre la France, pouvant déboucher en dernier recours sur l'envoi de l'Etat français devant la Cour européenne de justice.

La "taxe télécoms", d'un montant de 0,9 % du chiffre d'affaires, est imposée depuis mars 2009 aux sociétés du secteur. Les revenus sont reversés au groupe public France Télévisions pour compenser la perte de recettes publicitaires liées à la suppression progressive de la publicité dans l'audiovisuel public.

"LA TAXE RISQUE D'ÊTRE RÉPERCUTÉE VERS LES CLIENTS"

"Non seulement cette nouvelle taxation des opérateurs ne semble pas compatible avec les règles européennes, mais elle vient frapper un secteur qui est aujourd'hui un des principaux moteurs de la croissance économique", a jugé la commissaire chargée des nouvelles technologies, Viviane Reding, dans un communiqué.

"De plus, le risque est grand que la taxe soit répercutée vers les clients, alors que nous cherchons précisément à faire baisser la facture des consommateurs", a-t-elle ajouté, rappelant avoir "exprimé [ses] doutes à plusieurs reprises" quant à cette taxe.

Le Monde