vendredi 29 janvier 2010

Une "mafia" des télécoms ?

Attention, tribune au vitriol vue sur ZD NET !

Les réseaux sont au cœur de l’innovation des infrastructures et des usages de l’informatique professionnelle et grand public ; c’est un thème que je traite souvent sur mon blog, ici ou là, par exemple.

Il m’arrive souvent, trop souvent, de constater que les comportements de certains acteurs du monde des télécoms et des réseaux sont scandaleux, proches de ceux de la mafia en matière d’extorsion de fonds.

Ces actions ont comme résultats immédiats de ralentir ou empêcher des usages «normaux» des réseaux ; il faut donc tout faire pour les éradiquer le plus vite possible.

J’avais, il y a deux ans, attaqué les tarifs abusifs pour des accès Wi-Fi dans les hôtels haut de gamme ; ceci m’avait valu une réponse rapide et positive de l’opérateur incriminé qui avait baissé le prix journalier de 60 % dans toute l’Europe.

Il existe encore, hélas, trop d’exemples de ces comportements inadmissibles et je vais en fustiger deux, que j’ai vécu récemment.

Revevol souhaite participer au salon «Cloud Computing» qui va se dérouler les 5 et 6 mai 2010 au CNIT de la Défense, près de Paris. Comme chacun le sait, c’est un «désert technologique» où les accès aux réseaux sont très difficiles !

C’est en tout cas le sentiment que donne la société qui gère ce lieu d’exposition. Les faits :

- Je demande à l’organisateur de ce salon les conditions financières pour un stand ; le tarif proposé est classique et raisonnable.
- Je rappelle qu’il s’agit d’un salon consacré au Cloud Computing ; je pose quand même la question de savoir quels accès Internet sont disponibles sur le stand et pour les visiteurs ; les réponses sont pour le moins surprenantes :
- Il n’y a pas d’accès Internet prévu dans le package exposant, il faut prendre un abonnement séparé auprès du CNIT.
- Il n’y a pas de réseaux Wi-Fi disponibles pour les visiteurs, qu’ils soient payants ou gratuits.

Je me renseigne sur les tarifs de ces accès, pour les deux journées du salon, et j’ai eu la très mauvaise surprise de recevoir une liste de tarifs démentiels, et le mot n’est pas trop fort.
Petit rappel : il s’agit de la Défense, au cœur de l’activité économique de la région parisienne, et nous sommes en 2010, pas en 1990.

Oui, vous avez bien lu :
Acoustic coupler - On ose encore proposer des accès à 128 Kbit/s : génial pour réaliser des démonstrations spectaculaires de solutions Cloud Computing !

- Les prix pratiqués sont scandaleux. Si je prends une ligne à 2 Mbit/s, ce qui est aujourd’hui un minimum ridicule, et le maximum disponible, j’obtiens un coût pour deux journées de 1255 €, soit :

Prenons une comparaison simple : je dispose à mon domicile, sur l’un de mes accès ADSL, d’une capacité mesurée de 17 Mbits/s au prix, classique, de 30 €/mois.
Un calcul simple me donne un prix de revient du Mbit/s/jour :

La comparaison des deux prix est édifiante :

Le Mbit/s - jour au CNIT est ... 15 700 fois plus cher que chez moi !

J’espère que le nouveau Président de l’EPAD, qui gère la Défense, lira ce blog et prendra des mesures énergiques pour faire cesser ce scandale.

A quel prix faut-il proposer l’accès haut débit au CNIT ? 0 € !

La réponse est fournie par les deux conférences Cloud Computing auxquelles j’ai participé en novembre 2009 à San Francisco ; l’accès Wi-Fi y était gratuit pour les exposants et pour les visiteurs.

La Défense = Record du monde (A homologuer au Guinness ?) du tarif le plus élevé du haut débit pour les salons professionnels ?

J’ai envie de leur proposer une nouvelle campagne de publicité :

«Venez exposer chez nous, au CNIT - La Défense ;
nous vous garantissons le tarif haut débit mafieux
le plus élevé du monde !»

J’ai bien sûr pensé à utiliser mon réseau sans fil 3G, mais :
- L’exposition a lieu dans des salles en sous-sol où la couverture 3G n’est pas assurée.
- Aucun opérateur téléphonique n’a pensé, n’a osé installer des antennes intérieures pour proposer un service «normal» à leurs milliers de clients qui visitent ces salons professionnels.

Ceci assure une transition naturelle vers mon deuxième exemple.

Ce deuxième cas est encore plus scandaleux, car il touche des millions de personnes dans le monde.

Forfait Orange 1 Go Comme beaucoup, j’ai souscrit à un abonnement 3G lorsque je me suis équipé d’un iPhone, ce qui n’a rien de très original.
Le tarif, non négocié, pour une utilisation «illimitée» est d’environ 30 € / mois, ce qui revient à 1 € / jour ; cher, mais pas scandaleux.
Ce tarif «illimité» donne en pratique droit à 1Go/mois, soit environ 30 Mo/jour.

En faisant l’hypothèse que ma consommation est proche de cette limite, je paie donc 3 centimes le Mo téléchargé.

1 Mo = 3 centimes d’euros

Poste frontière espa J’allais oublier : ce tarif est uniquement disponible dans le pays où j’ai souscrit mon abonnement !
Que se passe-t-il quand je passe une frontière, pour aller par exemple en Espagne ?

Une étude récente d’UFC-Que choisir donne la réponse : le prix pratiqué par les opérateurs varie entre 5 et 9 € par Mo. Mon opérateur favori, Orange, est lui à 9 €.
En prenant un prix moyen de 7 €, un calcul très «compliqué» me montre que :

Mo en déplacement = 233 fois plus cher qu’en local
De qui se moque-t-on ?
Là où cela devient encore plus incroyable, c’est que l’opérateur qui me rançonne en Espagne est... Orange, celui chez qui j’ai pris mon abonnement en France !

Mobile roaming Oui, je sais :
- Il est très «compliqué» de gérer les échanges entre opérateurs internationaux, surtout si l’on reste chez le même !
- Le coût des réseaux internationaux est très supérieur à celui des réseaux du pays d’Origine. Surprenant, si l’on constate qu’un Espagnol qui vient en France se fait rançonner de la même manière qu’un Français en Espagne.
- Au moins, nous sommes tous égaux devant ce scandale.

A combien peut-on estimer le coût, réel, pour les opérateurs de la re-facturation mensuelle des services de roaming internationaux qu’ils se rendent mutuellement ? 10 % ? 20 % ?
Soyons généreux et acceptons l’hypothèse de 20 %, auquel je suis prêt à rajouter une confortable marge commerciale de 30 % pour service rendu.
Avec ces hypothèses, j’arrive à un prix du Mo en roaming international proche de 5 centimes d’euros.

Il est maintenant facile de calculer de combien doit baisser le prix du roaming international :

Réduction coût roaming international :
7 € vers 5 centimes/€ = 140 fois
Les responsables de la concurrence à Bruxelles ont récemment prix des décisions pour faire baisser le prix du roaming pour les SMS, bravo.

Mafia deconnection Je viens de leur faciliter le travail en leur donnant la réponse à leur prochaine action à mener contre la mafia des opérateurs de réseaux mobiles de roaming international pour les accès Internet.

Etonnez-vous après que beaucoup d'entreprises bloquent les usages «données» lors des déplacements internationaux, ce qui est «excellent» pour leur efficacité et leur productivité.

Guide Hotel Wi-Fi gratuit paris Heureusement que la majorité des smartphones et autres objets mobiles peuvent aussi fonctionner sur des réseaux Wi-Fi dont les tarifs sont de plus en plus raisonnables. L’immense majorité des hôtels où je loge en déplacement fournissent maintenant un accès Wi-Fi gratuit dans les chambres et les halls d’accueil.
C’est d’ailleurs la première question que je pose en faisant une réservation.

Borsellino-attentat-une Nous ne pouvons plus accepter que les accès à des réseaux haut débit, indispensables pour assurer le fonctionnement de toutes les entreprises, restent encore soumis à des comportements aussi scandaleux de la part des fournisseurs.

Ces mafias nationales, CNIT, ou internationales, réseaux d’opérateurs mobiles, doivent d’urgence être mise hors d’état de nuire !

Qui aura le courage de s’y attaquer ?

La taxe télécoms mise à l'index par Bruxelles !

La taxe imposée depuis l'an dernier par la France au secteur des télécoms pour financer l'audiovisuel public est "une charge administrative incompatible avec le droit européen", a estimé, jeudi 28 janvier, la Commission européenne, qui retoque ainsi le montage prévu par Paris.



Bruxelles a décidé d'ouvrir une procédure officielle d'infraction contre la France, pouvant déboucher en dernier recours sur l'envoi de l'Etat français devant la Cour européenne de justice.

La "taxe télécoms", d'un montant de 0,9 % du chiffre d'affaires, est imposée depuis mars 2009 aux sociétés du secteur. Les revenus sont reversés au groupe public France Télévisions pour compenser la perte de recettes publicitaires liées à la suppression progressive de la publicité dans l'audiovisuel public.

"LA TAXE RISQUE D'ÊTRE RÉPERCUTÉE VERS LES CLIENTS"

"Non seulement cette nouvelle taxation des opérateurs ne semble pas compatible avec les règles européennes, mais elle vient frapper un secteur qui est aujourd'hui un des principaux moteurs de la croissance économique", a jugé la commissaire chargée des nouvelles technologies, Viviane Reding, dans un communiqué.

"De plus, le risque est grand que la taxe soit répercutée vers les clients, alors que nous cherchons précisément à faire baisser la facture des consommateurs", a-t-elle ajouté, rappelant avoir "exprimé [ses] doutes à plusieurs reprises" quant à cette taxe.

Le Monde