lundi 19 mars 2012

Très haut-débit : Pierre Danon contre le « dogme de la fibre optique jusqu’au paillasson »

Les nouveaux usages numériques, promis par la qualité croissante de nos réseaux, commencent à ressentir les limites des choix technologiques faits ici et là. La TV HD, largement démocratisée, peine déjà à suivre la mesure. Les nouveaux usages, depuis la télémédecine jusqu’à la télé en trois dimensions (TV 3D) ou le télétravail, nécessiteront toujours plus d’investissement.

Mais quelle technologie choisir alors que la France est, toujours, parmi les derniers de la classe en termes de pénétration du très haut débit.




Médiatiquement, c’est clairement la « fibre optique », comprendre la technologie FTTH qui permet de faire arriver la fibre jusqu’au domicile des abonnés, qui tient la corde. Dans les chiffres, c’est la technologie dite du « câble » ou FTTLA (la fibre arrive au pied de l’immeuble). En France, les derniers chiffres connus font état au troisième trimestre de 600 000 abonnés au très haut débit, dont 425 000 par cet accès (175 00 par FTTH). Comment expliquer cette distorsion ?



Pierre Danon, aux commandes de plusieurs opérateurs européens, dont Volia à Kiev, évoque un « dogme de la fibre optique jusqu’au paillasson ». Egalement vice-chairman de TDC à Copenhague, il souligne que, là-bas, l’opérateur a pu en optant pour une fibre poussée en profondeur, mais sans aller jusqu’au paillasson, offrir de 30 à 50 Mbits à plus de 50% de la population. En France, ajoute Pierre Danon, ce dogme du paillasson a un prix : 30 milliards d’euros, « qu’on n’a pas », car « cet investissement n’est pour l’instant pas rentable ». Fort heureusement, l’Arcep fait évoluer la réglementation avec une technologie de complément qu’on appelle VDSL.

Pierre Danon : grand entretien sur les télécommunications from IDPI on Vimeo.



Autre problème, le (mauvais) partage territorial de la fibre optique, qui pour le moment, à l’instar du déploiement des dernières technologies mobiles, ne se fait qu’en ville. La comparaison de ces deux cartes (le FTTH développé par le privé et par le public) laisse songeur pour les habitants des régions, sans parler de ceux des îles qui ne sont pas prêts d’en voir le début.



Quelque soit le mode de déploiement des technologies de connexion à l'Internet, il faut se demander comment seront impactées les populations. Des modèles différents engendrent des coûts - et donc des ciblages par les opérateurs ou la puissance publique - différents.

Christian.

vendredi 9 mars 2012

IBM va construire à Bangalore le plus grand centre de données d'Asie

IBM a dévoilé récemment un partenariat avec le fournisseur d'accès et de services internet indien Tulip Telecom en vue de concevoir et de construire le plus grand centre de données d'Inde, et même de toute l'Asie.

Ce centre de données s'étend sur plus de 84.000 mètres carrés et comporte 20 centres de données modulaires dans un bâtiment de quatre tours. Il prend en charge jusqu'à 100 mégawatts d'électricité. Sa conception « respecte les normes de construction écologique internationales », sans plus de précision. Baptisé « Tulip Data City », il sera situé à Bangalore.

Étant donné la tendance suivie par l'infrastructure numérique, le bâtiment sera dédié aux services réseau et de cloud computing. Le mot d'ordre est ici l'échelle, et le bâtiment est construit de manière à pouvoir s'étendre en même temps que les activités de Tulip.

jeudi 23 février 2012

France Télécom: bilan de l'arrivée de Free mobile

Boum !

"Faisant suite à de nombreux commentaires et informations contradictoires sur le marché du mobile en France, Orange tient à apporter quelques données factuelles sur l'impact de l'arrivée du 4ème opérateur.

Dans les premières 48 heures après le 10 janvier dernier, Orange a constaté un pic des demandes de RIO (relevé d'identité opérateur, permettant de demander la portabilité de son numéro mobile qui ne correspond pas à une résiliation effective) à plus de 150.000 en une journée. 'Ce chiffre a aujourd'hui été divisé par 10', souligne le groupe.

Au 15 février 2012, la base d'abonnés mobiles d'Orange a baissé de 201.000 abonnés, représentant environ 0,7% de son parc mobile qui comptait plus de 27 millions d'abonnés en France au 31 décembre 2011.

Ce chiffre se décompose en 1.038.000 résiliations mobiles vers la concurrence du 1er janvier au 15 février 2012 et 837.000 acquisitions de nouveaux clients sur la même période."

Source : http://bourse.lefigaro.fr/indices-actions/actu-conseils/france-telecom-bilan-de-l-arrivee-de-free-mobile-80232

lundi 30 janvier 2012

Les FAI paieront pour la musique !

Voilà qui résume parfaitement la situation des télécoms dans notre pays ! Le financement d'un secteur à la traîne par les FAI, qui ne pourront pas investir ailleurs... assez pathétique !

A l'occasion du Midem de Cannes, le ministre de la Culture officialisera la signature d'un accord-cadre entre les différents acteurs de la filière musicale. Le document pose les jalons de la mise en place du Conseil national de la Musique et propose de faire contribuer les FAI sans pour autant accroître la pression fiscale sur eux.

Frédéric Mitterrand
Le ministre de la Culture, Frédéric Mitterrand annoncera demain la mise en place d'un accord-cadre visant à mettre en place le Conseil national de la Musique (CNM). Cet organe aura le double objectif de soutenir la création musicale française mais également de fournir un ensemble de données chiffrées sur le secteur.

La mission de cette entité sera donc de permettre à l'ensemble des acteurs de la filière de se développer. En matière de numérique, le CNM tentera d'éviter que la tendance sur le marché ne soit à la concentration. En effet, la principale critique des professionnels s'attache au fait qu'une poignée d'acteurs (iTunes/Apple, Deezer/Orange) bénéficient d'une force de frappe qui laisse peu de places à d'autres structures moins solides.

Taxation des FAI mais pas de nouvelle taxe

Le CNM sera dans un premier temps chargé de centraliser l'ensemble des subventions actuellement accordées au secteur. Il sera ensuite en mesure de mieux les quantifier et de les rationaliser. De même, les fournisseurs d'accès à Internet seront également mis à contribution.

Toutefois, il ne s'agit pas de mettre sur pied une nouvelle taxe, nous précise-t-on. Aucune nouvelle pression fiscale ne sera imposée aux FAI mais suite au plafonnement des aides destinées au cinéma, une « dérivation » sera mise en place afin de soutenir la musique. Le CNM devrait ainsi percevoir grâce aux fournisseurs d'accès entre 70 et 95 millions d'euros par an si la mesure est décidée dans le cadre de la loi de Finances 2013.

L'accord-cadre précise également que le CNM regroupera l'ensemble des professionnels du secteur dans un centre d'études fonctionnant sur le modèle de l'actuel Centre national du Cinéma (CNC). Ainsi, la société civile tout comme les auteurs, compositeurs, producteurs, les sociétés de perception de droits, les plateformes notamment en ligne, les labels ou encore les disquaires feront partie du casting.

Autre corde à son arc, le CNM sera chargé d'apporter de données chiffrées sur toute la filière musicale. Il livrera des analyses fines, des expertises sur l'état du secteur. En définitive, ce « mini-Insee » de la musique fera office d'observatoire indépendant. Il sera ensuite à même d'éclairer les politiques publiques dans le domaine.

Le milieu politique sensible à la création du Conseil

Dans leurs programmes respectifs, UMP et PS soutiennent la mise en place du CNM. Lors d'un discours adressé à la Culture, Nicolas Sarkozy a rappelé son ambition d'adopter « dès février un COSIP musique », à savoir une taxe sur les fournisseurs d'accès pour financer le Conseil.

De même, lors de la convention UMP sur le thème de la Culture, le parti avait dans sa proposition 40 fait le choix de : « Faire contribuer les FAI au financement des industries de contenu autre que le cinéma, et dans un premier temps de la musique, sur le modèle du dispositif fiscal existant au bénéfice du COSIP (Compte de soutien à l'industrie de programmes). Cette nouvelle ressource sera gérée par le Centre National de la Musique (CNM) ».

De son côté, le candidat socialiste a simplement expliqué lors de la présentation de son programme qu'il « reprendra le chantier du CNM pour en faire un outil au service de la diversité culturelle ». Sur le volet purement numérique, le responsable du Pôle Medias du Parti a précisé cette idée en creusant l'idée de mettre en place une sorte de « guichet unique » chargé de négocier des droits d'auteurs avec les plates-formes de téléchargement.

dimanche 15 janvier 2012

Télécoms à bas prix : de Pierre Danon à Free Mobile, une histoire des casseurs de prix

L’arrivée de Free Mobile sur le marché de la téléphonie est le dernier épisode en date d’une longue histoire de cassage de prix, malgré le sentiment qu’ont les Français de payer plein pot. Soyons clairs : oui, l’oliglpole des « historiques » a toujours joué contre la baisse des prix.Orange, dont l’Etat est actionnaire, SFR, qui via Canal+ est associé au financement du cinéma français et donc soutenu politiquement, et Bouygues Telecom, dont il n’est plus besoin que le patron est un très proche de Nicolas Sarkozy). Mais oui également, des acteurs alternatifs ont su faire bouger les lignes. Deux exemples qui bornent l’histoire des télécoms de 2000 à 2010 : les cas de Pierre Danon, aux manettes de Numericable, et de Xavier Niel, stratège de Free.




Etape 1 : le triple play de Free à 30 euros/mois
Les nouvelles générations n’ont pas connu l’internet d’avant Free. Celui où il fallait payer cher ses connexions, parfois tarifées à l’heure ou à la minute. Pour rappel, en 2004, un internaute payait près de 77 euros de télécoms (31 en téléphonie fixe, 17 en internet et 29 pour le mobile), sans compter les suppléments liés à la TV le cas échéant. Free impose deux concepts : celui de box triple play et celui du forfait tout compris à 30 euros en reprenant à sa charge le fameux abonnement de 13 euros par mois de France Telecom.





Etape 2 : Puissance et accessibilité du câble
Il faut ensuite attendre de voir débarquer le câble, sous ses différentes marques (de Noos à Numericable) pour avoir une nouvelle chute de prix avec les offres sociales. Réservées aux marchés de l’habitat collectif et sous conditions de ressources, celles-ci permettent de réduire la fracture numérique. C’est ce que précisait Pierre Danon en 2010 : « Nous sommes assez sensibles à ce qu'on appelle la fracture numérique. Il faut faire attention à ce que l'extension du très haut débit, chose très importante pour les utilisateurs que ce soit des entreprises ou des particuliers, ne se fasse pas au détriment des zones moins denses. ». Ce marché des collectivités locales s’est avéré clé pour Numericable et Completel (la marque « PME » du groupe). A nouveau Pierre Danon pouvait préciser « Ce que je revendique, c'est un schéma directeur régional ou départemental avec des initiatives au niveau des agglomérations. »

Etape 3 : la fin de l’illimité à 30 euros suite à la hausse de la TVA
Suite de la bataille. Alors que Free a décroché le droit de se lancer dans le marché de la téléphonie mobile, les historiques s’organisent, à la fois pour parer le « trublion » qui leur a déjà taillé de sacrées croupières dans l’internet, mais aussi pour contrer la hausse de la TVA dans le secteur, qui leur « impose » (malgré des marges plus que grasses) de répercuter ce surcroit de taxe sur les consommateurs. C’est le début d’une période compliquée ou le prix des forfaits sont volontairement brouillés pour faire passer la pilule. L’offre se segmente, il est difficile de faire des comparaisons. Cela ne va pas durer. Autre mouvement intéressant sur la période : le soutien du gouvernement au développement d’une offre sociale. C’est à nouveau Pierre Danon qui y gagnera en visibilité avec une offre à 9,99 euros/mois. Rien n’est gagné pour autant, surtout que la situation du cablo-opérateur se dégrade.

Etape 4 : Les historiques se lancent dans le low-cost
Sentant le vent tourner et redoutant l’activisme de Free (qui promet de réduire de 1 000 euros par an la facture des ménages avec ses offres mobiles). L’été 2011 voit fleurir les nouvelles marques, Sosh pour Orange, B&You pour Bouygues Telecom... pas d’engagement, des tarifs rabotés, de l’illimités (hors data), un mouvement qui cherche à s’emparer ou à fidéliser des abonnés avant la tempête annoncée par l’arrivée de Free Mobile. Vous trouverez ici un comparatif intéressant.



Etape 5 : Arrivée de Free dans le mobile, fin de la récré ?
2012 commence en fanfare avec, enfin, l’arrivée de l’offre de Free qui à nouveau bouge toutes les lignes : fin de la notion d’engagement, fin des forfaits non illimités ou uniquement sur 3 numéros du même opérateur, bref, une offre claire, lisible, et très accessible. Un bémol, à confirmer cette année, les probables retards de mise en service ou de livraison, comme cela avait été le cas avec la Freebox v6. Mais globalement, les abonnés peuvent diviser par près de deux leurs forfaits de téléphonie (plus pour ceux qui sont déjà abonnés internet de Free). Avec un marché du quadruple play désormais à 4 acteurs, reste à savoir ce qu’il peut rester aux petits, comme Numericable. J’optais il y a peu pour un maintien de leurs investissements dans le câble, décrié mais seul actuellement à convaincre sur le très haut débit. Et abandonner les gadgets (télévision 3D, notamment).

Nous verrons dans les prochaines semaines comment réagiront les historiques. Mais les premières « nouvelles offres » ne rejoignent pas le prix plancher défini par Free, au mieux s’en approchent-elles pour donner l’illusion qu’un effort est fait. Il est donc intéressant de continuer à suivre l’actualité des personnes qui font bouger ces lignes.