jeudi 23 octobre 2008

Free, cheval de Troie de Google ?

Le Plan Numérique 2012 présenté par Eric Besson lundi 20 octobre n’avait rien dit de plus quant à la 4ème licence de téléphonie mobile 3G. Le secrétaire d’Etat à la prospective et à l’économie numérique ne voulait alors « ni imposer, ni exclure » un quelconque candidat à la 4ème licence. 2 jours plus tard, le Canard Enchaîné nous apprenait une toute autre version, celle de la « voix de son maître », qui ne veut pas entendre d’un 4ème opérateur qui ferait de l’ombre à ses protégés Orange, Bouygues et SFR.

C’est évidemment à Free que l’on a pensé dans un premier temps. Free, le candidat malheureux de 2007, à priori à nouveau mis à l’écart du marché de la 3G, à qui l’on demande de revenir toquer à la porte en 2012… D’ici là la 3G aura complètement explosé, et le « nouvel entrant » aura besoin de bien du courage pour casser le jeu à 3 des opérateurs existants.

Cela dit, il me semble que l’on oublie que Free a par deux fois prouvé son incapacité à remplir financièrement les conditions de la 4ème licence (un paiement comptant de 619 millions d’euros). En 2007, c’est la raison pour laquelle le groupe n’a pas obtenu la 4ème licence, alors qu’ils étaient seuls en lice. Cette année encore, Free demande un étalement du paiement. Alors qu’une stratégie de paiement comptant lui aurait peut-être valu plus de faveurs de la part des décideurs publics. Pourquoi persister à jouer la carte de l’indépendance quand celle-ci ne paie pas, ou plus ?

Ceci est d’autant plus étonnant que Free devait avoir dans son jeu des cartes spéciales, comme celle de l’apport financier d’un gros groupe auquel il se serait lié pour le marché de la 3G. C’est Google qui avait été pressenti pour être le trésorier de l’opération il fût un temps, et cette rumeur n’était pas dénué de bon sens.

Les deux groupes se connaissent déjà bien, avec un premier appel du pied de Xavier Niel en 2000 dans le but de racheter aux dirigeants de Google l’exploitation du moteur de recherches en France pour 10 millions de francs.

Google avait par la suite entamé des pourparlers avec Free pour le Wimax. On sait que Free est le détenteur de l’unique licence Wimax Nationale (tandis que Bolloré a 20 licences régionales, et SFR 2 : IDF et PACA), et que Google est déjà présent dans d’autres marchés sur cette technologie. L’idée derrière ce partenariat, pour Free, c’est qu’au cas où la 3G lui échappe, elle ait une 2e possibilité d’installer un réseau d’Internet mobile, avec Google, sur la norme Wimax, Google de son côté y voyant une opportunité de déployer sa stratégie publicitaire et son OS mobile Android. Pourquoi cette carte semble t-elle ne pas ressortir aujourd’hui ?

Et dans le cas où Free réussisse quand même à obtenir un petit lot de la 3G, ils pourraient décider de jouer la complémentarité avec sa licence Wimax pour une couverture optimale. Mais pas sans un apport financier à même de couvrir les frais de développement du Wimax, estimés à un milliard d’euros.

Dans tous les cas, le mythe de Free comme entreprise indépendante et « trublion » semble avoir vécu : le groupe, si son éviction de la 4ème licence est confirmé, aura un besoin impérieux de trouver des partenaires pour développé le Wimax, seule technologie à même de rivaliser avec la 3G, car c’est sur le marché de l’Internet mobile que les prochains profits se réaliseront. Iliad-Free, qui va voir sa manne ADSL se tarir peu à peu, n'a pas le choix. Pour grossir, il faudra s'allier avec un gros, avec les risques que cela peut comporter.

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